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Le retour de l’homme à la source originelle

On peut considérer l’homme de deux points de vue : son être matériel et son être spirituel. Dans l’apparence de l’être matériel nous sommes plus ou moins égaux. Par conséquent, sur ce plan, on peut appliquer à l’humanité des règles générales. Dans votre être spirituel, caché derrière nos apparences, nous sommes différents. C’est pourquoi des lois   particulières, s’appliquent à chacun.

            L’homme, en se conformant aux lois générales, en suivant certaines étapes, peut retourner à son origine. Pour franchir ces étapes, il suit les commandements   clairs de notre religion, qui sont son guide ; en les suivants, il progresse. S’élevant de niveau en niveau, il se peut qu’il atteigne le niveau du chemin spirituel, pénétrant ainsi dans le royaume de la sagesse. C’est un niveau très élevé. Le Prophète (que Dieu le bénisse et lui accorde la paix) fait l’éloge de cet état en disant :

Il existe un état dans lequel toute chose et chaque chose sont rassemblées, c’est la sagesse divine.

Pour atteindre ce niveau, il faut avant tout abandonner les fausses apparences et l’hypocrisie qui consistent à faire les choses pour que les autre les voient ou les entendent. Ensuite, il faut se fixer trois buts. Ces trois buts sont en réalité trois paradis. Le premier est appelé ma’wa-  le paradis de la sécurité du foyer. C’est le paradis terrestre. Le second est appelé na’im – le jardin du délice de la grâce d’Allah que l’homme matériel va goûter au cours de ses efforts pour gravir les trois niveaux successifs de connaissance. Efforts pour suivre les préceptes religieux (Shari’a). Effort s pour éliminer la multiplicité en soi, pour combattre sa cause, qui est l’ego, de façon à atteindre le stade de l’unité et à venir à proximité de son créateur (tarîqa). Efforts, enfin, pour atteindre l’état de sagesse divine (ma’rifa)  où l’on parvient à la connaissance de son Seigneur.

            Le Prophète (que dieu le bénisse et lui accorde la paix), en conclusion de la tradition citée précédemment,

Il existe un état dans lequel toute chose et chaque chose sont rassemblées, c’est la sagesse divine.

            Dit :

Avec lui on apprend la vérité, qui rassemble en elle toutes les causes et tout le bien. Alors on peut se conformer à cette vérité. On peut aussi connaitre le mensonge et faire le nécessaire pour s’en débarrasser.

            Et il a dit :

Ô Seigneur, montre- nous la vérité, et fais en sorte que notre lot soit de la suivre, et apprends-nous ce qui est mensonge et fais qu’il nous soit facile de l’éviter.

            Et :

Celui qui connait son soi et s’oppose vraiment aux mauvais désirs, celui-là en vient à connaître son Seigneur, et agit selon ses souhait.

            Telles sont les règles générales qi s’appliquent à l’être matériel de l’homme. Ensuite il ya l’être spirituel de l’homme, c'est-à-dire l’homme spirituel, qu’on appelle l’homme pur. Son but est la proximité totale d’Allah. La seule voie pour y parvenir est la connaissance de la vérité (haqîqa). Dans le royaume crée en premier lieu à partir de l’être absolu de l’unité, cette connaissance est appelée Unité.

            On peut espérer atteindre le but de ce chemin dans cette vie en ce monde. Dans cet état, il n’y a pas de différence entre être éveillé et être dormir, puisque dans le sommeil l’âme peut trouver une opportunité de s’échapper vers son vrai pays natal, le royaume des âmes, et revenir en apportant des nouvelles. C’est ce que nous appelons un rêve véridique. Cet événement peut être partiel, comme dans le cas des rêves ; il peut être total, comme pour l’Ascension du Prophète (que dieu le bénisse et lui accorde la paix). Allah confirme cela :

Allah reçoit les âmes  au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. Il retient celles à qui il a décrété la mort, tandis qu’il renvoie les autres jusqu’au terme fixé. Il ya certainement là des preuves pour les gens qui réfléchissent.

(Les groupes-39 : 42)

Le Prophète (que dieu le bénisse et lui accorde la paix) fait allusion à cet état en disant :

Le sommeil du sage a plus de valeur que l’adoration de l’ignorant.

            Les sages sont ceux qui ont acquis la connaissance de la vérité qui n’a ni lettres, ni son. La connaissance est reçue grâce à la répétition continuelle du nom divin de l’Unité par la langue secrète. Les sages sont ceux  dont le noyau le plus profond est transformé en lumière divine par la lumière de l’Unité.

            Allah, parlant par l’intermédiaire de son Prophète (que dieu le bénisse et lui accorde la paix), dit :

L’homme est Mon secret et je suis son secret. La connaissance intérieure de l’essence spirituelle (‘ilm al-bâtin)   est un secret parmi Mes secrets. Je ne le dépose que dans le cœur de Mon serviteur, et personne d’autre que Moi ne peut connaitre son état.

            Et :

Je suis tel que Mon serviteur me connaît. Quand il Me cherche et se souvient de Moi, je suis avec lui. S’il Me recherche au-dedans de lui, je le cherche avec Mon Essence. S’il se souvient de Moi et me  mentionne dans une bonne compagnie, je Me souviens de lui et le désigne comme Mon bon serviteur dans une compagnie meilleure.

            Dans tout ce qui est dit ici, la seule manière de satisfaire Son souhait est la méditation – ce moyen d’accéder à la connaissance que l’homme ordinaire utilise si rarement. Pourtant le Prophète d’Allah (que dieu le bénisse et lui accorde la paix) a dit :

Un moment de réflexion vaut plus qu’une année d’adoration.

Un moment de réflexion vaut plus que soixante-dix ans d’adoration.

Un moment de réflexion vaut plus que mille ans d’adoration.

            La valeur de chaque action est cachée dans l’essence de la vérité. Il apparaît ici que le fait de méditer un moment a trois différentes valeurs :

Ø      Quiconque songe à un sujet et cherche sa cause, découvre que chacun de ses élément comporte lui-même la cause de nombreuses autres choses. C’est un examen qui vaut une année d’adoration.

Ø      Quiconque examine ses dévotions, en cherche la cause et la raison et parvient à les découvrir, sa méditation vaut soixante-dix années d’adoration.

Ø      Quiconque considère avec attention la sagesse divine avec un désir puissant de connaître Allah le Très Haut, sa méditation vaut mille années d’adoration, car cela est la vraie connaissance.

La vraie connaissance est l’état de l’unité. L’amant sage s’unit à son Bien-aimé. Quittant le royaume matériel, volant grâce à des ailles spirituelles, il monte en flèche vers le royaume de la réalisation, car le dévot marche vers le paradis alors que le sage vole vers les royaumes de la proximité de son Seigneur.

Les amoureux ont les yeux dans leur cœur.

Ils voient, alors que les autres regardent fixement, aveugles.

Vois leurs ailes, qui ne sont pas ni de chair ni de sang.

Ils volent vers anges, pour retrouver leur Seigneur !

Ce vol a lieu dans le monde intérieur des sages. Il leur est accordé l’honneur d’être appelés hommes véridiques, bien-aimés d’Allah, Ses intimes, Ses épouses. Le saint Bâyazîd al-Bistâmî (que Dieu sanctifie son secret), dit :

Les porteurs de sagesse sont les épouses d’Allah le Très Haut.

            Beaucoup d’autres les décrivent en disant que ceux qui arrivent dans la proximité d’Allah deviennent les épouses d’Allah.

            Seuls les amoureux qui possèdent des épouses les connaissent intimement. Ces serviteurs sages qui deviennent intimes  d’Allah, bien qu’étant magnifiques, sont revêtus de l’apparence d’hommes ordinaire. Allah, parlant par l’intermédiaire de son Prophète (que dieu le bénisse et lui accorde la paix), dit :

Mes intimes sont cachés sous Mes coupoles. Personne ne peut les reconnaître sinon Moi.

            Les coupoles sous lesquelles Allah cache Ses amis sont leurs apparences quelconques, ordinaires. Quand on regarde une jeune mariée recouverte de son voile de mariée, que peut-on voir sinon le voile ?

            Yahyâ ibn Mu’âdh al-Râzî (que Dieu sanctifie son secret) dit :

Les bien-aimés d’Allah sont le parfum d’Allah sur ce monde, mais seuls les croyants vrais, sincères, ont un nez pour le sentir.

Ils sentent ce parfum magnifique, ils suivent ce ardent ce parfum. Ce parfum crée dans leur cœur un désir ardent pour leur Seigneur. Chacun, sur son propre chemin, accroit sa vitesse, ses efforts, sa dévotion. Le degré de ce désir ardent, son souhait et la vitesse de son pas sont en proportion de son ego tourné vers ce monde. Car plus on enlève des vêtements grossiers de ce monde, plus sent la chaleur de son Créateur et plus l’être intérieur approche de la surface. La proximité de la vérité est en proportion de la quantité de fausse matérialité qu’on a jetée au loin. En se révélant ses propres aspects multiples, on s’approche de la seule vérité.

            L’intime d’Allah, c’est celui qui s’est conduit lui-même au néant. Alors seulement il peut voir  l’existence de la vérité. Il ne reste en lui aucun désir à satisfaire. Il ne reste en lui aucun «je» autre que a seule existence, qui est la vérité. Bien que toutes sortes de miracles le traversent pour lui prouver son état, il n’en a que faire. Dans son état, il n’y a pas de révélation de secret, car divulguer le secret de la divinité est une infidélité.

            Dans un livre intitulé Mirsâd est écrit :